Le cabinet des curiosités de la comédie musicale, volume 2

Vincent Montagnana
37 min readDec 17, 2020

Bonjour à tous !

Après l’incroyable succès du précédent compte-rendu sur Medium (presque 200 lectures, c’est du jamais vu), nous reprenons donc du service, confortablement avachis dans notre canapé, un grand verre de kombucha bio à portée de main. Notre noble mission ? Vous dénicher des petits joyaux cinématographiques encore plus dégénérés que ceux de la première vague, afin d’ensoleiller votre morne quotidien de dépressifs angoissés et suicidaires.

Car comme le disait si bien ce bon vieux Léo en plissant très-très fort ses tout pitis zieux…

Les 5000 Doigts du Dr T

Roy Rowland, 1953

Contrairement à ce que son titre à rallonge pourrait te faire croire, Les 5000 Doigts du Dr T n’est ni un porno fétichiste qui se déroulerait dans le milieu hospitalier, ni un documentaire sur un chiropracteur particulièrement agile de ses petites mimines, mais une comédie musicale pour bambins, scénarisée par un autre bon « docteur », Theodor « Dr. » Seuss Geisel, tremendous star de la littérature enfantine américaine—le Grinch et le Chat Chapeauté, hé bin c’est lui. On commence donc notre petit florilège tout en douceur et en innocence… avant de s’enfoncer progressivement dans la fange, le stupre et la luxure.

Ami lecteur, méfie-toi cependant des jugements précipités, car s’il y a bien une leçon qu’on a retenue du pénible Chitty Chitty Bang Bang (cf. le premier volume du cabinet de curiosités), c’est à quel point il peut s’avérer douloureux, pour un public d’adultes blasés, de s’infliger des produits culturels destinés à des esprits moins pubères, et plus enclins à s’émerveiller devant la moindre breloque. Lors de la première hollywoodienne des 5000 Doigts du Dr T, certains spectateurs abasourdis ont d’ailleurs fini par jeter l’éponge devant l’extrême bizarrerie du long métrage, en désertant la salle de cinéma au bout de 15 petites minutes de projection. Sur le papier, Les 5000 doigts du Dr T ne diffère pourtant pas tant que ça des autres fantaisies enfantines à la Magicien d’Oz.

Le pitch ? Bart est un jeune garçon harassé par les multiples leçons de piano imposées par sa jeune veuve de mère. Pour échapper à sa triste routine de forçat du solfège, il choisit de se réfugier dans ses rêves où son professeur de musique, l’exigeant Docteur Terwilliker, revient le hanter sous la forme d’un sorcier tyrannique qui le retient prisonnier, avec 499 autres petits garçons, dans son immense forteresse. Son projet complètement mégalo est de contraindre les 500 enfants kidnappés à interpréter une symphonie de sa composition, tous en même temps, sur un seul et unique piano aux dimensions cyclopéennes. Coiffé d’un ridicule petit chapeau surmonté d’une main en plastique jaune, Bart s’efforce par tous les moyens de s’évader, de libérer sa môman de l’emprise hypnotique du diabolique Dr. T et de convaincre monsieur Zabladowski, le plombier familial lui aussi prisonnier du cauchemar du jeune garçon, de devenir son nouveau daddy.

Et c’est à peu près tout. L’intrigue onirique du film tourne en rond sur ses trois maigres enjeux : Bart s’échappe, puis se fait recapturer, puis s’échappe, puis rebelote, jusqu’au concerto final à 5000 doigts. Soyons honnête : sans l’esthétique ésotérique du film, sa direction artistique excentrique, le Technicolor flamboyant, le gigantisme des décors de studio rappelant les toiles de Dali et de Chirico, ses trouvailles absurdo-poétiques à la Windsor McKay (une échelle interminable qui ne débouche sur rien, des frères siamois soudés ensemble par une unique barbe commune qui poursuivent les fuyards en rollers), on aurait sans doute très rapidement sombré dans un état proche de la narcolepsie.

Surréalisme pictural, psychanalyse de comptoir (notre jeune héros souffre manifestement d’un gros Œdipe mal digéré) et atmosphère concentrationnaire qui rappelle que le traumatisme des horreurs de la Seconde guerre mondiale est encore tout chaud, Les 5000 Doigts du Dr T est un film beau bizarre et sédatif, pour enfants de bobos neurasthéniques qui se destinent à une carrière d’architectes d’intérieurs.

Attention, gros risque de trauma pour nos chères petites tête blondes

Le Forum en folie

Richard Lester, 1966

On ne remerciera jamais assez les traducteurs français d’avoir considérablement raccourci le titre original de A Funny Thing Happened on the way to the Forum, une comédie musicale datant des joyeuses années 60, parce qu’on ne se voyait pas retaper plusieurs fois au clavier ni même s’épuiser à copier-coller frénétiquement « A Funny Thing Happened on the way to the Forum ». A Funny Thing Happened on the way to the Forum est donc un musical créé en 1962 à Broadway, écrit par Burt Shevelove et Larry Gelbart, composé par Stephen Sondheim (Sweeney Todd, Into The Woods, pas dégueu comme CV), et qui puise une grande partie de son inspiration dans le théâtre comique de la Rome Antique. En 1966, Richard Lester, cinéaste anglais réalisateur des premiers films des Beatles et fossoyeur de la licence Superman dans les années 80, réalise l’adaptation cinématographique de A Funny Thing Happened on the way to the Forum. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le résultat laisse perplexe. Alors que les deux tiers des formidables chansons du livret original passent inexplicablement à la trappe, la mise en scène psychédélique, brouillonne et très envahissante de Lester rend l’intrigue vaudevillesque de A Funny Thing Happened on the way to the Forum assez pénible à suivre.

Dans ces conditions, difficile d’apprécier à leur juste valeur les quelques rares qualités filmiques de A Funny Thing Happened on the way to the Forum, de la reconstitution très réussie des bas-fonds de l’ancienne Rome à l’interprétation survitaminée de la plupart des acteurs pourtant plus tout jeunes… Festival de zooms bisseux, de cadrages approximatifs, et de montage sous LSD, A Funny Thing Happened on the way to the Forum finit par nous achever avec une longue course-poursuite filmée en accéléré, entre des vieux cochons en toge et de ravissantes péripatéticiennes à peine vêtues. Un épilogue très sixties qui s’inscrit dans la plus pure tradition des fins chaotiques des films de petersellersploitation (The Party, Casino Royale, What’s new Pussycat?), mais préfigure aussi les heures les plus sombres de la diffusion de Benny Hill sur FR3.

Pour finir sur un note beaucoup moins enjouée, cette info qui va te filer le bourdon : A Funny Thing Happened on the way to the Forum constitue la dernière apparition à l’écran de Buster Keaton, alors en phase terminale d’un cancer des poumons.

La fameuse chanson d’ouverture, interprétée par le génial Zero Mostel…
… et sa reprise par les Muppets !
Quatre pervers pépère vantent les multiples avantages de posséder une jeune et jolie soubrette. Problématique.

Thoroughly Modern Millie

George Roy Hill, 1967

Ha, qu’elles sont jolies les comédies musicales des années 60, merveilleux films fin de race, délicieux et flamboyants fossoyeurs du genre, dont Thoroughly Modern Millie est un parfait modèle. Une durée interminable, deux heures vingt au compteur, check. Une obsession nostalgique pour les premières décennies du XXe siècle, check. L’omniprésente Julie Andrews, qui a monopolisé le haut des affiches des plus gros succès de la comédie musicale sixties, check.

Le film s’étale trèèèèèès généreusement sur une histoire assez simpliste d’amourettes entre deux filles et deux garçons — quatre possibilités. À ma gauche, Julie Andrews et Mary Tyler Moore interprètent deux jeunes femmes célibattantes, tellement fauchées qu’elles sont obligées de loger dans la chambre miteuse d’un hôtel de seconde classe, dont l’ascenseur capricieux ne fonctionne que si on fait des claquettes à l’intérieur de la cabine. À ma droite, le bellâtre John Gavin et le très british James Fox jouent les love interests, deux messieurs financièrement beaucoup plus à l’aise. Sur cette base minimaliste, presque rohmerienne #soyonsfou, vient se greffer une intrigue secondaire un peu plus surprenante : les tentatives répétées de la tenancière de l’hôtel, la machiavélique Madame Meers pour kidnapper, avec l’aide de deux sbires chinois, la trop jolie et trop isolée Mary Tyler Moore, afin de l’expédier dans les réseaux de prostitution en Asie. Car oui, Thoroughly Modern Millie est AUSSI une comédie musicale très légèrement raciste sur la traite des blanches — on va bien s’marrer.

On s’en voudrait néanmoins de te laisser sur une si mauvaise impression, avant qu’on ait eu l’opportunité de te parler de la VÉRITABLE attraction de Thoroughly Modern Millie : la troisième vedette féminine du film, la fabuleuse Carol Channing. Grande star de Broadway (Hello Dolly, c’était elle, avant que cette vilaine chipeuse de Barbra Streisand reprenne le rôle principal dans l’adaptation cinématographique), l’excentrique comédienne-slash-chanteuse-slash-danseuse a fini of course par devenir une icône gay qui a inspiré bon nombre de drag queens avec sa voix de fumeuse de Gitanes sans filtre, son maquillage outrancier et sa totale extravaganza. Il faut la voir interpréter le standard Jazz Baby en faisant des claquettes sur un xylophone, ou débouler dans un numéro d’équilibristes de music hall éjectée par un canon. Mais c’est surtout sa toute première apparition du film, lorsqu’elle débarque, hilare, confortablement assise à l’avant d’un avion biplan, un verre de champagne à la main, en rugissant de manière complètement random « RASPBERRIES! », qui a profondément marqué les esprits. Une réplique à l’origine mystérieuse, probablement une private joke entre membres de l’équipe du film, que l’actrice répète à plusieurs occasions au cours du film... Si Internet avait existé à l’époque, ça aurait certainement fini par donner naissance à un excellent mème.

La Kermesse de l’Ouest

Joshua Logan, 1969

Imagine : une superproduction de presque trois heures, au budget pharaonique de vingt millions de dollars, qui combine deux genres cinématographiques à l’époque complètement moribonds, le western et la comédie musicale. What could go wrong? Je t’épargne le suspense : La Kermesse de l’Ouest (ou Paint Your Wagon en angliche), réalisé par le génie qui a déjà offert au genre humain le soporifique Camelot, ne rentrera pas vraiment dans ses frais et se fera dézinguer par la critique.

Le film est un hénaurme soufflé assez caractéristique du cinéma hollywoodien de la fin des années 60, particulièrement bruyant et désordonné, mis en scène à l’arrache, qui raconte l’évolution d’une petite communauté de chercheurs d’or en Californie. Au départ simple campement uniquement composé de mâles rustres et bourrus, No Name City — c’est son non-nom — va peu à peu accéder à la civilisation grâce aux précieuses petite pépites, mais aussi à l’alcool, le jeu, et à la prostitution. Les trois personnages principaux du film, le vieux poivrot Ben Rumson (Lee Marvin), son jeune associé (Clint Eastwood) et son épouse Elizabeth (Jean Seberg) forment ce qu’on appellerait de nos jours un « trouple ». C’est chic, c’est moderne, et ça ne semble pas déranger grand monde, en dehors de quelques bigots de passage.

Hélas, malgré la qualité des chansons (écrites par Frederick Loewe, le compositeur de My Fair Lady), et un sujet en or #hoho qui aurait pu servir de base à un passionnant film-fleuve sur la naissance d’une ville typique du far west, la mixture « western musical » ne porte jamais vraiment ses fruits. Trop long, trop brouillon, trop barbant, La Kermesse de l’Ouest se rattrape in extremis sur la fin avec un impressionnant climax qui montre No Name City s’effondrer sur elle-même à cause des nombreux tunnels qu’ont creusé les protagonistes du film sous la bourgade pour ramasser la poudre d’or tombée des poches des habitants (sic).

On a tout de même un peu de peine pour Lee Marvin, qui a refusé un rôle dans La Horde Sauvage pour nous refaire son numéro d’ivrogne défraîchi et rabelaisien déjà vu notamment dans le western comique Cat Ballou… Ce qui n’est pas, tu en conviendras, un choix de carrière des plus avisés, même s’il décrochera en contrepartie un hit modeste en avec son interprétation rocailleuse (et assez fausse) de la chanson Wand’rin’ Star. Quant à Clint Eastwood, à peine sorti de sa fructueuse période italienne, il ne semble pas particulièrement à l’aise dans ce registre de cow-boy troubadour. Affligé par la lenteur d’un tournage interminable et l’immense gâchis budgétaire du film, l’acteur aurait, paraît-il, assez peu apprécié l’expérience, au point d’y avoir puisé la motivation nécessaire pour essayer de passer derrière la caméra.

Remercions donc au moins La Kermesse de l’Ouest pour ces deux bienfaits : la filmographie de Clint Eastwood en tant que réalisateur, et cette sympathique parodie du film par les Simpsons.

Un manque flagrant de motivation, de coffre, et de justesse de la part du pauvre Clint lorsqu’il pousse la sérénade en prenant un air constipé, vêtu d’une improbable chemise rose à fleurs et à froufrous

Godspell

David Greene, 1973

Au début des années 70, la comédie musicale Godspell rencontre un certain succès « off-Broadway », sur une thématique étrangement assez similaire à celle du Jesus Christ Superstar d’Andrew Lloyd Webber, créée à peu près au même moment : une relecture à la sauce flower power de la vie du Messie, que le réalisateur David Greene adapte sur grand écran en 1973. Mais Godspell se situe bien au-delà du biopic bête et basique interprété par une meute de chevelus crasseux et mal habillés qui chantent la beauté des Évangiles et la joie du sexe sans entraves. Si je devais te résumer le concept du musical, par ailleurs assez peu cinégénique, je dirais qu’il se rapproche d’une sorte de compilation best of de paraboles, a priori toutes tirées de l’Évangile selon Saint Matthieu. Pour ceux qui ont séché leurs cours de catéchisme (et qui finiront donc en Enfer, et oui désolé de vous l’apprendre, bande de sales petits mécréants), les paraboles sont de courtes histoires censées illustrer les enseignements de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Ces fables sont racontées sous la forme de petites saynètes, interprétées par une troupe de jeunes urbains new-yorkais qui ont laissé tomber leur morne existence d’actifs citadins dépressifs pour suivre une espèce de mi-clochard-mi-gourou. Cette version safe et chrétienne de Charles Manson, qui recrute ses ouailles en soufflant très-très fort dans une corne d’appel (sic), est censé incarner à la fois Saint Jean-Baptiste, mais aussi le social-traître Judas Iscariote (insérer ici image mentale de Jean-Claude Vandamme exécutant son fameux grand écart facial). Très vite, nos joyeux drilles radicalisés sont rejoints par Jésus himself en total look bouffon de théâtre de rue (coupe afro qui défie toutes les lois de la gravité, t-shirt Superman probablement cousu par sa maman, salopette à rayures multicolores, chaussures à pompons), et partent squatter une décharge pour se peinturlurer le visage et se déguiser avec des vieilles fringues probablement récupérées au fond d’une poubelle.

Stupeur, plot twist et abomination : derrière des apparences trompeuses d’honnêtes travailleurs macronistes, bien coiffés et propres sur eux, se cachait en réalité un posse de PUTAIN. DE CLOWNS. HIPPIES. À partir de ce moment-là, le calvaire commence. Car une fois travestis et maquillés, nos héros deviennent subitement méga neuneus et se mettent à faire des trucs horribles qui vont hanter tes nuits jusqu’à ton dernier souffle : du mime, des tirades biblico-pouët-pouët et des chansons super gnangnans, exprimant leur gratitude pour tous les bienfaits divins (la guerre, la maladie, la mort et une éternité en Enfer si tu as eu le malheur de ne pas miser sur le bon canasson) tout en fézant des grimaces de gros demeurés, comme s’ils s’adressaient à un public de gamins arriérés.

Au bout de quelques dizaines de minutes extrêmement longues et douloureuses, ce déluge de niaiserie a fini par faire disjoncter le système nerveux du pauvre français aigri et cynique que je suis, et il y a fort à parier qu’avant la fin du film, tu auras toi aussi envie de voir tous ces ravis de la crèche agoniser dans les mêmes atroces souffrances que celles endurées par le Christ pendant son ascension du Golgotha. Maigre réconfort pour les spectateurs laïcards (ou membres du Printemps Républicain), qui auront bien mérité leur place au Paradis après avoir subi cet interminable calvaire : les chansons plutôt réussies malgré des lyrics un peu pompeux, et les surprenantes images, quasi post-apocalyptiques, d’un New York aux rues complètement désertées.

Jésus vs une marionnette géante de prêtre juif qui frôle la caricature antisémite. Endiré presque un sketch borderline de Borat réalisé par Mel Gibson.

Son of Dracula

Freddie Francis, 1974

Il existe TOUJOURS, sur cette maudite planète vouée à l’autodestruction climatique, un pervers confiné dans la cave ténébreuse du pavillon de banlieue de sa maman, qui possède le tout dernier exemplaire d’une œuvre honteuse dont l’auteur voudrait définitivement oublier l’existence, sur une vieille VHS probablement possédée par l’esprit d’une petite fille japonaise au teint bistre et aux cheveux noirs, longs et visqueux. Un pervers qui finira TOUJOURS par poster un rip d’une qualité plus que douteuse sur les sites de streaming, juste pour augmenter son klout.

Son of Dracula fait partie des ces obscurs objets cinématographiques dont il ne resterait probablement plus aucune trace sans les vertus régénératrices de YouTube, en dehors de quelques exemplaires poussiéreux du vinyle de la bande originale, conservés jalousement par des collectionneurs d’albums de rock vintage. Et pour cause, à l’origine du projet, on retrouve deux semi-légendes de la musique populaire des années 60–70. En l’occurence, Ringo Starr, l’ex-batteur des Beatles désormais en semi-retraite depuis la séparation du groupe, et Harry Nilsson, songwriter assez peu connu dans notre pays au mille fromages. Après avoir collaboré sur l’album Son of Schmilsson, nos deux compères, probablement défoncés aux champis magiques, ont comme une divine révélation : et s’ils produisaient une comédie musicale horrifique dont la bande originale serait composée en grosse partie de chansons extraites des deux derniers disques de Nilsson ? Financé par Apple Films, la société des Beatles, et réalisé par Freddie Francis, un vétéran de la Hammer, le film mettra deux ans, une fois bouclé, avant de trouver son chemin vers quelques salles de cinéma de seconde zone, puis sombrera définitivement dans l’oubli, sans jamais connaître d’édition vidéo officielle.

Son of Dracula est un hommage aux vieux classiques de l’horreur, avec un budget riquiqui, des décors bricolo et des costumes dignes d’une soirée Halloween pour gosses. Harry Nilsson y joue le rôle du fils de Dracula, le Comte Down (« Count Down » en anglais, jeu de mot qualité premium). Le souci, c’est qu’avec son physique de gentil nounours blondinet et ses fausses canines en plastique, le pauvre Nilsson incarne le vampire le moins terrifiant de toute l’histoire du cinéma. Destiné à devenir malgré tout le nouveau souverain des Enfers après le meurtre de son illustre pôpa, Down décide de raccrocher les dents et d’essayer de devenir mortel afin de s’abandonner sans contrainte à sa passion du boogie woogie et à la débauche sexuelle avec la séduisante assistante du professeur Van Helsing.

En attendant, entre deux bœufs avec ses potes musicos (Keith Moon des Who, John Bonham de Led Zep, tout de même…), le Comte Down erre dans les rues du Londres interlope à la recherche d’une proie, croque sans trop de conviction la carotide d’une ou deux jeunes vierges plus ou moins consentantes, se transforme en chauve-souris de dessin animé, participe à des séances de brainstorming avec Merlin l’enchanteur (Ringo en cosplay du Père Fouras), et dîne aux chandelles avec sa petite copine. Pendant ce temps, son pire ennemi, le vil baron Frankenstein, complote dans son coin, en compagnie d’un nain ricaneur et d’une chatte-garou racisée, pour lui piquer sa place de calife des Enfers. Mais rassure-toi l’ami, tout se terminera très bien pour le vampire scruffy et sa blonde. Après une lourde intervention chirurgicale, le couple pourra enfin vivre pleinement son histoire d’amour en pleine lumière du jour, au doux son d’une des plus fameuses covers de Harry Nilsson, le merveilleusement sirupeux Without You.

Lisztomania

Ken Russell, 1975

Obsession phallique et aversion profonde pour la figure de Richard Wagner — qui était certes furieusement antisémite, mais bon qui n’a pas ses petites faiblesses ? — sont les deux mamelles charnues de Lisztomania, crypto-biopic baroque réalisé par le cinéaste super chéper Ken Russell, qui accouche ici d’une vision complètement décadente de l’existence mouvementée du compositeur Franz Liszt. Le film démarre d’ailleurs sur les chapeaux de roue en poussant dès les premières secondes tous les potards à fond les ballons, avec une scène vaudevillesque digne de Boeing Boeing au cours de laquelle Franz Liszt est surpris par un mari jaloux en pleine partie de zizi-frifri avec sa gironde épouse. S’ensuit un duel cartoonesque sur fond de chanson country, entre le cocu (un vieux noble français, en perruque poudrée, et maquillé comme une calèche volée), et le jeune musicien à moitié nu, pendant que la femme adultère assiste enthousiaste à l’affrontement en engloutissant goulûment un régime entier de bananes.

Direct, le ton du film est donné, et Lisztomania va conserver ce niveau de démence jusqu’à son final cosmique (ou l’épuisement du spectateur). Il faut dire que le pianiste virtuose provoquait lui-même, telle une vulgaire pop star pour midinettes, l’engouement hystérique du public des salles de concert dans lesquelles il se produisait. Ce qui explique sans doute la présence au casting de Roger Daltrey, chanteur du groupe de rock The Who (je précise pour les deux millénioles incultes qui seraient tombés sur cet article complètement par hasard), et qui endosse le rôle principal. Daltrey s’associe donc une nouvelle fois avec le réalisateur des Diables, après l’énorme succès de l’adaptation cinématographique de l’opéra rock Tommy.

Hélas, ce coup-ci, Lisztomania ne bénéficie pas d’une partition composée par les Who pour accompagner dignement cet hallucinant délire de gros drogué, le guitariste du groupe, Pete Townshend, ayant poliment décliné l’invitation — pas folle, la guêpe. C’est donc Rick Wakeman, claviériste du groupe Yes, qui se charge d’écrire la bande originale, aux chansons globalement assez peu mémorables, mais aux sonorités très progressives qui s’associent plutôt bien à l’esthétique furieusement rococo du film. Le Franz Liszt de Russell est d’ailleurs plus proche d’un clone à peine moins p*dé de Liberace que d’une véritable légende du rock virile et velue — mais bon, tu nous connais, ce n’est pas forcément pour nous déplaire. De ses excès de débauche à sa conversion religieuse tardive, toute la life du compositeur est donc passée à la moulinette des délires glam du cinéaste. Jusqu’au dernier quart du film qui part définitivement en sucette à l’anis, lorsque le Pape (interprété, en toute logique, par Ringo Starr, qui revient faire un petit coucou dans notre petite sélec’) demande à Franz Liszt d’exorciser au lance-flammes (!) Richard Wagner, reconverti en vampire-gourou d’une secte crypto-nazie.

50% créature de Frankenstein 50% Adolf Hitler 100% Richard Wagner

Sextette

Ken Hughes, 1978

Cette fois c’est bon les gars, on arrête tout. Plus la peine de turbiner pendant de longues heures pour débusquer d’obscurs nanars sous-titrés en serbo-croate sur les sites de téléchargements russes les plus chelous du dark web. Ça y est, on le tient ENFIN, le Saint Graal de la comédie musicale camp, l’objet filmique le plus vicieusement dérangé et outrageusement p*dé de tout notre cycle marathon… J’ai nommé le sidérant Sextette, dernière apparition à l’écran de la comédienne aux formes généreuses Mae West, deux ans avant son décès.

La star de 84 printemps (!) y joue le rôle de Marlo Manners, une légendaire actrice hollywoodienne, qui vient tout juste d’épouser son sixième mari, Sir Michael Barrington, un jeune lord anglais interprété par le fringant Timothy Dalton. Tout juste trentenaire à l’époque, l’acteur a donc techniquement l’âge d’être son petit-fils. L’intégralité du film se déroule dans un palace un peu miteux, où nos deux tourtereaux ont l’intention de passer leur nuit de noces. L’hôtel accueille au même moment une importante conférence internationale où tous les grands dirigeants de notre planète essayent vainement de s’accorder sur un traité de paix mondial, systématiquement bloqué par les rejets successif d’un délégué soviétique obstiné (un Tony Curtis à la moustache stalinienne qui mériterait d’être cancel rétroactivement rien que pour sa lamentable tentative d’imiter l’accent russe). Or, ce méprisable apparatchik bolchévique se révèle être JUSTEMENT l’un des innombrables ex-maris de Marlo — tu parles d’une coïncidence. Fort agacé par l’absence de bonne volonté de la part de son meilleur ennemi, l’Oncle Sam en appelle donc au patriotisme de l’actrice qui va tenter d’user de ses charmes pour persuader le diplomate récalcitrant de s’aligner sur les autres pays. Sans éveiller les soupçons d’un Timothy Dalton maladivement jaloux, et qui, en bon gérontophile, aimerait bien pouvoir consommer ses épousailles avant que sa femme ne finisse par déguster les pissenlits par la racine.

Voilà, tu ne seras sans doute guère surpris, l’intrigue du film est d’une insondable crétinerie, un vague prétexte pour concentrer toute son action dans un unique décor, accumulant gags et quiproquos les plus balourds (Timothy Dalton que tout le monde prend pour un homosexuel parce qu’il n’a pas compris le double sens du mot « gay » lors d’une interview télévisée). Mais ni les numéros musicaux, pour la plupart totalement ringards, ni l’esthétique hideuse de soap opera seventies ne pèsent bien lourd face à la fascination morbide qu’on ne peut s’empêcher de ressentir face à une Mae West octogénaire qui joue les vamps séductrices comme si elle avait 50 ans de moins. La malheureuse semble complètement momifiée par son âge avancé, essayant tant bien que mal de lutter contre ses rhumatismes pour nous gratifier de sa fameuse démarche chaloupée. Ses répliques, soufflées à travers une oreillette par le metteur en scène, ne sont quasiment constitués que de sous-entendus salaces, dont un bon nombre de blagues recyclées de ses anciens films, qu’elle débite sur un ton monocorde, entre deux râles asthmatiques d’extase sensuelle forcée…

Cette vision d’apocalypse est d’autant plus hallucinante que tous les autres acteurs, totalement sous le charme pourtant sacrément rouillé de l’actrice, semblent faire preuve d’un déni de réalité digne d’un Donald Trump face aux résultats de l’élection présidentielle américaine de 2020. Un casting par ailleurs totalement hétéroclite, qui réunit quelques vieilles gloires hollywoodiennes (Georges Raft), des acteurs plus ou moins has-been, (l’excellent Dom DeLuise, souvent vu chez Mel Brooks, George Hamilton, l’inoubliable interprète de La Grande Zorro) et, entre autres bizarreries, les deux batteurs récidivistes Keith Moon, en styliste un peu follasse, et Ringo Starr, en réalisateur hongrois d’art et d’essai, décidément en bien mauvaise posture pour réussir sa reconversion dans le cinéma.

Il va y avoir du sport

Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band

Michael Schultz, 1978

Hé mec, est-ce que tu as entendu parler du Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Bee Gees ? Non-non, tu n’as pas la berlue, j’ai bien écrit « le Sgt. Pepper’s des Bee Gees ». Car je ne vais pas évoquer ici le petit album sans prétention des quatre garçons dans le vent, sorti dans l’indifférence générale en plein summer of love. Je vais plutôt te raconter l’incroyable histoire de la comédie musicale de 1978 dans laquelle nos trois chevelus rois du disco reprennent d’une voix de fausset, et sans la moindre honte, des standards des Beatles, en compagnie du twink à bouclettes Peter Frampton, et d’une palanquée de guests et d’acteurs improbables (Donald Pleasence, Alice Cooper, Steve Martin, Aerosmith…).

Tout juste auréolés du succès de Saturday Night Fever, les Bee Gees ont pris un risque artistique assez incompréhensible en décidant de se frotter à ces mastodontes du rock, persuadés, si on se fie à leurs déclarations de l’époque, qu’ils pourraient faire oublier les albums originaux des Beatles – *narrator’s voice*: they did NOT. Reconnaissons tout de même aux frères Gibb que le projet ne manque pas d’ambition : avec son intrigue dénuée de la moindre ligne de dialogue, intégralement construite en juxtaposant des chansons des Beatles les unes derrière les autres, le film fait un pari audacieux qui lui donne paradoxalement parfois des faux airs de cinéma « muet », dont il reprend d’ailleurs certains codes visuels.

Malheureusement, rien ne fait vraiment sens dans cette compilation de greatest hits majoritairement issus de Sgt. Pepper’s et Abbey Road, malgré les efforts louables des scénaristes pour tenter d’intégrer aux forceps les chansons des Beatles au sein d’une narration cohérente, en multipliant les références balourdes. Prodigieux naufrage industriel, le Sgt. Pepper’s des Bee Gees est aussi, et surtout, un savoureux digest de l’esthétique outrageusement kitsch des seventies, qui culmine dans un final absolument démentiel, au cours duquel le chanteur Billy Preston, vêtu d’un uniforme militaire doré, et suspendu maladroitement dans les airs par des câbles, reprend énergiquement Get Back en balançant du bout de ses doigts des rayons lasers qui transforment les bad guys du film en curés et en bonnes sœurs.

Bang, bang

The Apple

Menahem Golan, 1980

En 1980, bien avant de produire les actioners crypto-fachistes de Chuck Norris, les meilleurs films de ninjasploitation des années Reagan, et le pire épisode de Superman avec du Christopher Reeves dedans, le studio Cannon Films décide de mettre en branle une pharaonique comédie musicale futuriste. Persuadé que ce projet va lui ouvrir les portes de l’industrie cinématographique hollywoodienne, le co-dirigeant de la Cannon, Menahem Golan, réalise lui-même, avec ses tites pattounes, The Apple (BIM Stars, en « français »).

Musical à l’ambition démesurée, The Apple piétine allègrement les plates-bandes du Rocky Horror Pictures Show, de Grease, et surtout de Phantom of the Paradise dont il plagie grosso modo l’intrigue faustienne en y rajoutant une bonne grosse louchée d’allégorie biblique. L’action se déroule dans le futur proche de l’an de grâce 1994, au sein d’une société dystopique où tout le monde s’habille en combinaison métallisée et écoute du disco. Mais siiii, rappelle-toi, les années 90, quoi. La population vit sous le contrôle autoritaire-cool de BIM, un label musical qui inonde le marché de hits songs turbo débilos et oblige ses citoyens à se coller sur la tronche un sticker triangulaire au design très illuminati pour une raison qui je dois bien l’avouer nous a totalement échappé. Nos deux valeureux héros, Bibi et Alfie #lol, forment le duo de chanteurs de variétoche nunuche le plus cis white qu’on ait pu voir depuis les Carpenters, et tentent désespérément de percer dans une société du spectacle globalement assez hostile à la pureté hétérosexuelle de leur musique. Ils finissent tout de même par être repérés par le diabolique patron du label BIM, Mr Boogalow (inspiré paraît-il par notre Eddie Barclay national, et interprété par Vladek Sheybal, le champion d’échecs / agent du SPECTRE de Bons Baisers de Russie), qui va faire tout son possible pour corrompre leur belle âme straight et les intégrer à son label, dont les employés sont quasiment tous des homosexuels genderfluid démoniaques.

Alfie, à la suite d’une hallucination ultra p*dé, à mi-chemin entre La Divine Comédie de Dante et le cauchemar moite d’un membre de la Manif pour Tous dans le placard, comprend qu’il risque de perdre sa belle intégrité de songwriter cucul la pralouche et refuse obstinément de se soumettre aux exigences mercantiles de Mr. Boogalow. De son côté, Bibi finit par céder sans trop de résistance aux sirènes de la célébrité facile (que voulez-vous, ce n’est qu’une femme) et décroche très rapidement un énorme tube avec Speed, une hymne tous publics sur la consommation de méthamphétamine. Giga-deg, Alfie pète les plombs, agresse sexuellement la propriétaire obèse de son appartement miteux en lui agrippant les seins par surprise (sic), et finit par se réfugier parmi des hippies nostalgiques des années 60 qui passent leur temps à glander sur la pelouse en fumant des Nicolas Bedos.

À la fin du film, sans qu’on sache trop pourquoi, Dieu himself descend du ciel dans sa grosse limousine dorée, et décide de mettre un point final à ce gros bazar en raflant purement et simplement tous les hippies hétéros pour les déporter direct au Paradis, pendant que les abominables homosexuels déviants, probablement adeptes de la Théorie du Genre et de l’orthographe inclusif·ve, sont abandonnés comme des pauvres déchets sur la Terre. En même temps, le film ayant été tourné à Berlin, ils auraient pu beaucoup plus mal tomber, au pire ils pourront toujours aller s’éclater dans les backrooms du Berghain.

Jetons un voile pudique sur le (littéral) deus ex machina final un tantinet random, The Apple est un pur chef-d’œuvre d’extravaganza nanarde, film paradoxal qui flirte constamment avec l’homophobie (inconsciente ?) tout en se vautrant dans l’imagerie la plus camp : chorégraphies follissimes, maquillages de drag queens, costumes étincelants, une véritable orgie visuelle pour nos yeux invertis de séduisants daddies grisonnants. Dommage que cette flamboyance ne se répercute pas vraiment sur la musique du film. The Apple mange vraiment à tous les râteliers, entre pop sucrée, techno, punk rock FM, reggae, et même de l’électro-disco (très mal) pompée sur Moroder, il y en a vraiment pour tous les goûts. Surtout pour les plus mauvais.

Pire que le nazisme

Forbidden Zone

Richard Elfman, 1982

Désolé, je ne suis pas certain qu’il y ait des mots à la portée de mon vocabulaire sommes toutes relativement limité pour essayer de te décrire Forbidden Zone à toi ami lecteur qui n’aurais jamais le bonheur de voir ce cult-movie réalisé par Richard Elfman. Un nom qui t’évoque peut-être vaguement quelque chose, ce qui serait loin d’être surprenant, puisque Richard est le frangin un poil moins célèbre de Danny Elfman, le compositeur attitré des films de Tim Burton. Je vais commencer par ce qui me paraît le moins compliqué : un résumé de l’intrigue du film, déjà passablement tarabiscotée…

Après avoir acheté leur nouvelle maison à un pimp dealer d’héroïne (interprété par un acteur en black face, ça part déjà très fort), une famille über dysfonctionnelle de maboules dégénérés découvre dans sa cave un portail qui mène vers un monde parallèle. Baptisé la Sixième Dimension, cet univers louftingo à la Lewis Carroll — qui aurait abusé de la pipe à crack—, est dirigé d’une main de fer par un nain à l’accent français fort prononcé, le roi Fausto (Hervé Villechaize, qui jouait les majordomes dans L’Homme au pistolet d’or et la série télé L’Île fantastique), et son épouse sadique, la reine Doris (Susan Tyrrell, vue notamment chez John Waters). Malgré les mises en gardes répétées de ses darons, Frenchy, la petite dernière de la famille, (interprétée avec une dose massive d’auto-dérision par Marie-Pascale Elfman, l’épouse plus-française-qu’elle-tu-meurs du réalisateur), ne résiste pas à la tentation d’aller faire un peu de tourisme dans la Sixième Dimension où elle va vivre moult péripéties, toutes plus aberrantes les unes que les autres.

Art-film expérimental plutôt fauché, Forbidden Zone se veut un hommage aux Trois Stooges et aux vieux cartoons des années 30, principalement ceux de Max Fleischer (le créateur de Betty Boop), mêlant prises de vue réelles tournées en noir et blanc (colorisées avec beaucoup de goût en 2008) dans des décors minimalistes grossièrement dessinés à la main, et de très chouettes segments animés rappelant fortement ceux que Terry Gilliam concevait pour le Monty Python. Une œuvre anarchiste et volontairement idiote, avec ses comédiens en roue libre qui bruitent des pets avec la bouche, ses dialogues nonsensiques, ses numéros musicaux aux chorégraphies plutôt solides mais qui mélangent, sans aucune cohérence, des chansons originales composées par Danny Elfman (qui endosse au passage le rôle d’un Diable zazou et rouquinou), et des vieux standards de jazz, parfois réinterprétés de manière totalement punk, parfois juste lip-synchés de manière plus ou moins brouillonne. Du caviar pour les fidèles de L’Étrange Festival et les passionnés de mindfuck au cœur bien accroché.

C’est pas l’école qui nous a dicté nos codes, non-non

Give My Regards to Broad Street

Peter Webb, 1984

Les Beatles entretiennent décidément avec le cinéma une histoire d’amour-haine mouvementée. Au début des années 80, Paul McCartney, le plus cinéphile et le moins décédé de la bande, projette d’écrire et de produire Give My Regards to Broad Street, une sorte de vanity project musical. Le résultat final se fera joyeusement étriller un peu partout dans la presse-qui-roule à sa sortie en 1984 et fera un bon gros flop dans les salles obscure.

Alors c’est vrai que tout ça n’est pas très reluisant : le film est une laborieuse succession de saynètes musicales construites autour de nombreuses reprises (légèrement) réarrangées des grands succès de Paulo (période Beatles, carrière solo, un tout petit peu de Wings), et de quelques rares chansons inédites, connectées entre elles par un fil rouge narratif assez mince. Coincé dans les embouteillages, McCartney (qui interprète du mieux qu’il peut son propre rôle) s’endort et rêve qu’un de ses employés disparaît mystérieusement avec les enregistrements de son prochain album. Paul doit impérativement récupérer les précieuses bandes avant minuit sinon son label se fera engloutir par un vilain businessman capitaliste aux oreilles très décollées. Pendant que la police essaye (mollement) de retrouver le fugitif, notre ami Macca, qui ne semble pas plus concerné que ça par la disparition de son futur chef-d’œuvre, vit sa petite vie de star internationale — A Day in the Life of Paul McCartney en quelque sorte. Trimbalant sa tête d’ahuri de studios de télé en salles de répét’, il est accompagné dans son périple par sa femme Linda, et par Ringo Starr (hé oui, encore lui). Manifestement peu ravi d’être là, l’ex-batteur des Beatles trompe son ennui en dragouillant vaguement une journaliste interprétée par son épouse de l’époque, la Bond girl Barbara Bach, affublée ici d’une abominable permanente.

Réalisé très paresseusement par un illustre inconnu, le film a parfois des airs avant-gardistes de cinéma mumblecore avec ses personnages apathiques qui marmonnent des banalités avec un accent briton à couper au couteau. Le reste du temps, faute de savoir jouer la comédie, Macca chante, forcément, beaucoup, BEAUCOUP-BEAUCOUP, alignant parfois jusqu’à trois de ses compositions in extenso d’affilée en étant juste planté devant un micro. Autant te prévenir : il est vivement conseillé d’être un admirateur hardcore du bonhomme pour parvenir à s’infliger sans broncher cent minutes mollassonnes d’un long métrage totalement dédié à sa gloire.

Le chaînon manquant que personne ne réclamait entre Kraftwerk et Cats

Les Feebles

Peter Jackson, 1989

Le cinéaste néo-zélandais Peter Jackson a eu une carrière pour le moins atypique : des débuts dans le grand-guignol potache, des allers-retours surprenants entre pure série B et cinéma d’auteur, pour finir par se retrouver à la tête de monstrueux blockbusters hollywoodiens. Coincé entre Bad Taste, son tout premier film à tout petit budget, et Braindead, comédie gore aux moyens un poil plus conséquents, Les Feebles, sorte de parodie hyper trash du Muppet Show, est une de ses œuvres les moins connues, mais aussi une des plus saugrenue… Une exploration glauquissime des dessous d’un show télévisé intégralement produit, mis en scène, et interprété par des marionnettes. Évidemment, à l’instar de la plupart de nos stars hollywoodiennes actuelles, dès que le public populo a le dos tourné, nos pas-si-mignonnes peluches baisent, se droguent, font du porno amateur pour boucler les fins de mois, engrossent les groupies, bref se conduisent globalement comme de bonnes grosses ordures pédo-satanistes.

Alors, c’est vrai qu’entre deux numéros musicaux qui fleurent bon la kermesse bricolo, on frôle parfois l’accumulation un peu assommante de scènes vomitos : une mouche-paparazzi qui mange littéralement du caca en gros plan très-très rapproché (on distingue presque les petits grains de maïs), la déchéance physique d’un (chaud) lapin atteint du sida, mutilations, cannibalisme, sexe déviant, le tout vu à travers les yeux purs et innocents d’un gentil hérisson zozoteur qui espère pouvoir percer un jour dans le show business. Mais, avouons-le, le décalage entre le côté enfantin des marionnettes (assez moches) et leurs habitudes répugnantes produit indiscutablement son petit effet comique. Et ce, malgré le manque d’argent (la quasi-totalité du film a été tourné dans un hangar) qui donne au film une esthétique crapoteuse et provoque parfois un sentiment de malaise nauséeux diffus que l’humour pipi-caca-glaires ne parvient pas toujours à désamorcer.

Pas sûr que Peter Jackson, dont on reconnaît déjà le style délicieusement pompier, serait vraiment partant pour que ce délire jusqu’au-boutiste refasse surface aujourd’hui, à l’ère du virtue signalling. Ne serait-ce que pour les caricatures hyper racistes de soldats vietnamiens dans une parodie malgré tout assez rigolote du Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino. Mais avant de sortir les torches et les fourches, on ne saurait trop conseiller aux foules assoiffées de sang de patienter jusqu’au final cathartique, du pur revenge movie féministe, dans lequel l’héroïne, une chanteuse hippopotame obèse nommée Heidi, se venge des insultes et des brimades proférées par ses collègues et son ignoble patron, un morse totalement veule et immoral, en massacrant tout ce joli monde à l’arme automatique.

Un ode vibrant à la pratique du sexe anal

Reefer Madness

Andy Fickman, 2005

1936 : Reefer Madness, un film de propagande anti-marijuana commandité par une congrégation de fondamentalistes chrétiens, terrorise adolescents et parents d’élèves en racontant les mésaventures tragiques, criminelles et caricaturales d’une bande de sauvageons gominés, amateurs de charleston endiablé, d’orgies sexuelles où l’on garde ses chaussettes et son pull jacquard, et de consommation débridée de cannabis. 1972 : Reefer Madness est exhumé par des militants d’organisations pro-fumette. Le film, accidentellement comique, et tombé dans le domaine public, fait la tournée des salles de cinoche spécialisées dans les midnight movies et devient rapidement culte auprès d’un public hilare de jeunes hippies défoncés. 1998 : un scénariste et un compositeur, ont l’idée saugrenue de parodier le film sous la forme d’une comédie musicale, qui rencontre un joli petit succès sur les planches de Los Angeles. 2005 : le spectacle est adapté pour le petit écran et diffusé sur la chaîne payante Showtime.

Tu me pardonneras, j’espère, cette laborieuse mise en bouche chronologique en mode Wikipédia, mais il me semblait nécessaire de t’introduire un peu de contexte historique avant de te parler de Reefer Madness: The Movie Musical. Qui n’est, certes, qu’un « simple » téléfilm, mais qui se hisse (sans trop-trop d’efforts, reconnaissons-le) sur les plus hautes marches du podium de notre infernal cycle cinématographique. Une comédie musicale vraiment (et volontairement) très drôle, avec des chansons plutôt sympathiques, des chorégraphies millimétrées au poil de zouz, et un casting de qualité : l’irrésistible Kristen Bell (Movie 43), Alan Cumming (Garfield: The Movie), Neve Campbell (Le Roi Lion 2) dans un bref caméo, et son frangin Christian, dont la ressemblance physique avec l’acteur principal du Reefer Madness de 1936 est assez frappante.

Le musical suit assez fidèlement la trame du film original — surtout au début, après ça s’gâte — en se débarrassant du surplus de personnages inutiles, et en laissant le soin aux scènes musicales de se vautrer un peu plus profondément dans du bon gros délire potache : attaques de zombies, visites en Enfer, au Paradis, ou dans un donjon BDSM. Malgré un petit coup de mou vers la fin du film, Reefer Madness: The Movie Musical est une comédie tout-à-fait recommandable, dont la seule limite reste son côté ultra-référentiel au matériau de base. Un conseil : regarde l’œuvre originale avant de te jeter sur sa parodie.

Shakespeare in love
Heaven or Las Vegas?

Repo! The Genetic Opera

Darren Lynn Bousman, 2008

Nous sommes en 2056. Rotti Largo, le boss italo-américain et donc forcément mafieux #italophobie de GeneCo, une société spécialisée dans la récolte et la transplantation d’organes, parvient, grâce à un lobbying intensif, à imposer la création d’une loi qui lui permet de reprendre ses « marchandises » greffées aux malades qui n’ont désormais plus les moyens de les conserver. Pour s’acquitter de cette tâche ingrate, GeneCo fait appel à des repo men, des sortes d’huissiers qui pourchassent les mauvais payeurs et prélèvent leurs organes transplantés, directement à la source, bien évidemment sans anesthésie.

Alors, si cette histoire et ce titre te rappellent plus ou moins quelque chose, pas de panique, tu n’es pas en train de vivre une expérience transcendantale de déjà-vu. Repo! The Genetic Opera est assez similaire à Repo Men, une honnête série B de 2010 avec Jude Law et Forrest Whittaker, sans qu’on sache vraiment s’il y a eu plagiat d’un côté comme de l’autre. Rien à voir, par contre, avec le Repo Man de 1984 qui parle aussi de récupérer des marchandises impayées, sauf que là, bin c’est juste des bagnoles, ce qui est du coup beaucoup moins douloureux.

Reconnaissons tout de même que ce thème assez darkos est plutôt inhabituel pour une comédie musicale. Repo! The Genetic Opera est en fait le passion project de Darren Lynn Bousman (déso mais je ne ferai aucune vanne fastoche sur le nom de famille de ce cinéaste, je suis bien au-dessus de ça), réalisateur d’au moins trois épisodes pas tip-top de Saw, la franchise phare de ce sous-genre horrifique qu’on désigne sous le terme croquignolet de torture porn. Je suppose que le pauvre devait en avoir un peu ras-le-bol d’enchaîner les snuff-movies pour un public d’ados facilement impressionnables, puisqu’il est tout de même parvenu, à force de persévérance, à convaincre un studio de lui refiler une petite poignée de millions de dollars, et à persuader quelques personnalités de venir faire coucou dans cet étrange objet filmique. On y voit donc défiler, un peu sidéré, Joan Jett et sa guitare, Paul Sorvino des Affranchis qui semble toujours sur le point d’exploser de honte à chaque fois qu’il essaye de pousser la chansonnette, Paris Hilton, « parfaite » dans le rôle d’une fille de riche accro à la chirurgie esthétique, et Anthony Stewart Head (le Giles de Buffy) qui interprète le « riiiiiiiiipo maaaaaaaan ».

Énorme fourre-tout de références SF et gothiques, à l’esthétique timburtonesque enlaidie par une espèce de filtre visuel cache-misère pisseux, très à la mode à la fin des années 2000, Repo! a malheureusement une sale tronche de direct-to-video super cheapos. Côté bande-son, le film ne semble pas vouloir trancher entre des dialogues « en chantés » à la Jacques Demy et le bon vieux schéma classique hollywoodien qui alterne scènes parlées et numéros musicaux, entre opérette-rock et hard pop FM. Malgré ces lourds handicaps, le film a acquis au fil des années un tout petit statut de cult-movie assez similaire (toutes proportions gardées) à celui du Rocky Horror Pictures Show. Tout fout le camp, les amis, même la contre-culture.

En bref

On a vu tout ça aussi, mais on ne les a pas inclus dans la sélec’. Pourquoi ? Parce que.

Banana Split, Busby Berkeley, 1943

Rien à voir avec Lio, qui n’est tout de même pas vieille à ce point. En pleine Seconde Guerre mondiale, ce genre de divertissement flamboyant était censé remonter le moral des troupes américaines. Un objectif que la vedette du film, la comédienne et icône gay portugo-brésilienne Carmen Miranda, s’efforce de remplir à grands renforts de roulements d’yeux convulsés. Malgré les ambitions bassement propagandesques de l’œuvre, et une intrigue prétexte que j’avais déjà oubliée avant même que le film ne s’achève, Banana Split est en partie sauvé par la mise en scène géniale du chorégraphe-cinéaste Bubsy Berkeley, ses plans séquences virtuoses, sa caméra aériennes, ses trouvailles graphiques visionnaires. On n’oubliera pas de si tôt le numéro de music hall avec ses danseuses transportant à bout de bras des bananes géantes, ni le final psychédélico-kubrickien sur les pois polka.

La Jolie fermière, Charles Walters, 1950

Judy Garland, butchissima lorsqu’elle enfourche son tracteur sur les routes bucoliques de la campagne américaine, a bien du mal à faire fructifier son exploitation agricole depuis qu’elle a été lâchement abandonnée par ses garçons de ferme qui refusaient de travailler gratuitement — salauds de bolchéviques. Lorsqu’une troupe de Broadway, dirigée par Gene Kelly, s’incruste dans la grange de sa ferme pour répéter leur prochaine comédie musicale, elle accepte d’héberger les saltimbanques en échange de leur participation aux tâches quotidiennes en tant que main d’œuvre bénévole. Un très joli petit classique du genre, dont on retiendra surtout l’interprétation sensuelle et genderfuckée de Get Happy par Judy Garland, et cette scène magique où Gene Kelly exécute un numéro de claquettes dans une grange, en jouant avec un vieux morceau de journal et une planche en bois pourri qui grince. Le génie, c’est ça, comme dirait l’autre.

Le Bouffon du roi, Melvin Frank & Norman Panama, 1955

Adorable petite comédie musicale (plus « comédie » que « musicale ») un peu oubliée, Le Bouffon du roi parodie gentiment les films de cape d’épée de l’âge d’or hollywoodien. Porté par l’excellent Danny Kaye, acteur comique assez peu connu de ce côté-ci de l’Atlantique, mais qui possède la fâcheuse particularité de ressembler vaguement à Roman Polanski, le film accumule gags, quiproquos, dialogues brillants et pyramides de nains équilibristes. Mérite amplement d’être redécouvert.

Ursule et Grelu, Serge Korber, 1974

Malheureusement pas assez de chansons dans Ursule et Grelu, une romcom absurdo-nanardo-poétique entre une vieille fille de l’Armée du Salut (Annie Girardot, what else?) et un semi-clodo (Bernard Fresson jeune, assez sexy je dois dire), pour que le film mérite de faire partie de la sélection principale. On est pourtant pas prêt d’oublier l’interprétation totalement cauchemardesque de la chanson Le Zizou de Zouzou par une Annie Girardot en transe, le visionnage de cette séquence ayant fait partir en fumée la quasi-totalité des derniers neurones qui me restaient encore. Le zigoudou c’est chou, la zigounette, c’est chouette ! *solo de banjo*

Les Rues de feu, Walter Hill, 1984

Les Rues de feu est un bon gros actioner réalisé par Walter Hill, visuellement splendide, situé dans un univers steampunk sous grosse influence fifties. Mais c’est aussi, d’une certaine manière, un film musical, qui contient bon nombre de chansons écrites, entre autres, par le guitar hero Ry Cooder. Malheureusement, en dehors de la cacophonique scène d’ouverture aux effets de mise en scène et de montage complètement déments, au cours de laquelle une bande de motards kidnappe une jeune chanteuse en plein concert, le film ressemble plus à une déclinaison un poil trop pépère de The Warriors, à l’intrigue un peu bateau, et au casting sous-employé (Willem Dafoe qui porte pourtant une magnifique salopette en latex noir, Rick Moranis, Bill Paxton…) qu’à un flamboyant musical injustement oublié.

Télé Ringards, Jay Levey, 1989

Misère : Télé Ringards (UHF en version originale), le film de « Weird Al » Yankovic, maître incontesté de la parodie de clips musicaux, n’en contient qu’UNE SEULE, un pastiche assez bof-bof de Money for Nothing du groupe de rock super-hétéro Dire Straits. Le reste du film se partage entre une intrigue mollassonne (« Weird Al » devient, par un concours de circonstances, propriétaire d’une petite chaîne de télé locale), quelques bons gags, des parodies de films plus ou moins réussies et pas mal de fausses pubs ou bande-annonces hilarantes. Comme ce magnifique trailer pour le fake-film Conan The Librarian.

Were The World Mine, Tom Gustafson, 2008

Timothy, un ado gay brutalisé par ses camarades d’école, découvre un jour dans un bouquin une fleur magique qui rend les gens homosexuels en leur éjaculant au visage du « jus d’amour » avec son pistil. Peut-on vraiment se planter avec un sujet pareil ? Réponse : oui, on peut. Prototype du film indé pour festival LGBTQ+, Were The World Mine se révèle au final beaucoup trop prétentieux (les dialogues à base de citations shakespeariennes, au secours). Quant aux scènes musicales, franchement brouillonnes, elles parviendront peut-être à t’émoustiller si tu es du genre à triper sur des lycéens torses nus et huilés, qui font des tites pointes et des tits pas chassés sur une soupasse musicale assez médiocre.

Anna et l’apocalypse, John McPhail, 2018

Une teen comedy musicale avec des zombies, qui parle de virus, d’infectés, de gel hydroalcoolique et de distanciation sociale ? Plutôt visionnaire, mais, pas de bol, le film de John McPhail (ça ne s’invente pas) est beaucoup trop gentillet, et mis en scène avec une telle platitude, qu’il ne dépasse jamais le stade du divertissement sympatoche du samedi soir. Malgré quelques gags pas bêtes (les abrutis qui font des selfies avec les zombies), Anna et l’apocalypse s’inspire beaucoup de ce qui a déjà été fait sur un thème similaire, de Mean Girls à Shaun of the Dead dont il reproduit d’ailleurs sans scrupules le déroulement, et les gimmicks de montage chers à Edgar Wright. Pour finir sur un point positif : dans leur genre, les chansons sont à peu près écoutables.

Dolly Parton’s Christmas on the Square, Debbie Allen, 2020

En tant qu’homosexuels, on ne pouvait décemment pas faire l’impasse sur Christmas on the Square (C’est Noël chez nous en français, merci aux traducteurs pour ce titre très Rassemblement National) un des innombrables christmas specials produits par Netflix. Ici, c’est la plantureuse Dolly Parton qui en a écrit la musique, Chrissschtmasssch on the Ssschquare étant autant une comédie musicale qu’un film de Noël. Malgré tout l’amour qu’on porte à l’auteure de Jolene, cette énième variation du fameux conte de Charles Dickens qui ressasse les thématiques habituelles de ses chansons (americana, amours contrariées, féminisme, défense des petites gens, christianisme inclusif, et une pincée de diversité pour faire zizir les fans gays) ne restera pas dans mes annales. On sauve tout de même quelques scènes camp d’une réjouissante niaiserie, deux ou trois morceaux country potables, et les trop rares apparitions de Dolly dans le rôle d’un ange blond en tailleur et talons recouverts de glitter, dont la bonne humeur communicative parvient toujours à nous redonner un peu de foi en l’Humanité.

The Prom, Ryan Murphy, 2020

Allez, un dernier Netflix pour la route. L’adaptation filmique du musical The Prom par le showrunner stakhanoviste Ryan Murphy (Nip/Tuck, Glee, American Horror Story, American Crime Story, Pose, The Politician, etc., etc.). Une bande de has-been de Broadway décident, pour se faire un peu d’autopromo et redonner un coup de boost à leur carrière déclinante, de s’incruster dans une tournée nationale de la comédie musicale Godspell #meta #inception pour aller manifester contre les indécrottables bigots d’une petite ville de l’Indiana qui refusent d’organiser le bal de promo du lycée parce qu’une des élèves, lesbienne, veut y faire son entrée aux bras de sa girlfriend. D’abord gentiment moqueur face à la naïveté bienpensante de nos sympathiques liberals de la Grande Pomme, le film finit très vite par sombrer dans les bons gros sentiments et le dégueulis de couleurs fluos. Meryl Streep fait du Meryl Streep (plutôt bien), Nicole Kidman ne sert vraiment à rien, et l’hétéro James Corden joue un p*dé très maniéré, juste pour faire rager la touitosphère queer.

La playlist

Pour te remercier d’avoir tenu jusque tout en bas de la page on t’a fait une tite playlist avec les « meilleures » chansons. Tout n’est pas dispo sur les sites de streaming (malheureusement ?) mais on a fait le maximum.

iTunes : https://music.apple.com/fr/playlist/its-broadway-bitch/pl.u-e98lZr5fzDMBE8

Spotify : https://open.spotify.com/playlist/0a6OxCz2LzbPfCpSZq7pQ7?si=Nze8iia5QgOiSMH9ZoAm7w

Youtube (je ne sais pas si c’est forcément un cadeau pour tes oreilles mais c’est la plus complète) : https://www.youtube.com/playlist?list=PLzTrVR1XKpOIPO_ZLlRbQOJcVUZFeci4w

Le top

Si tu veux y voir plus clair dans les qualités respectives des films sélectionnés, tu peux toujours jeter un coup d’œil à mon top Senscritique ici : senscritique.com/liste/Le_cabinet_des_curiosites_de_la_comedie_musicale/2722354

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Et pour la suite des aventures du Cabinet des curiosités de la comédie musicale, c’est par ici : https://vincentmontagnana.medium.com/le-cabinet-des-curiosit%C3%A9s-de-la-com%C3%A9die-musicale-volume-3-6b5de393f9a1

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